L’Equipage de Partouche est en escale à Horta, au milieu de l’Atlantique depuis maintenant 3 jours. Le 14 juillet sera donné le départ de la course retour vers les Sables-d’Olonne.
A mi-parcours l’heure est donc au premier bilan.
La 12eme place obtenue au bout de 6 journées de régate intense laisse un gout amer, car nous avions réalisé une belle performance en restant constamment aux avants postes jusqu’à 40 milles de l’arrivée d’une étape qui en compte 1265.
Tout avait débuté le 4 juillet aux Sables-d’Olonne par un départ dans de tout petits airs.
Le lendemain matin aux premières lueurs du jour nous croisions en tête de flotte en compagnie d’Halvard Mabire sur Campagne de France. A partir de ce moment là deux stratégies météo étaient possibles : tirer un bord plein ouest pour profiter d’une rotation du vent à moyen terme, ou prendre le cap des côtes espagnoles pour accélérer dans du vent plus soutenu. Nous avons choisi la première stratégie, alors qu’une partie de la flotte filait vers le cap Finisterre. Pour nous, cette option a été un grand moment de plaisir car nous avons rencontré des conditions de mer et de vent idéales pour ce type de bateau : 25 à 30 nœuds au portant, synonyme de glissades entre 15 et 20 nœuds. Pourtant un petit souci est rapidement apparu : le circuit de refroidissement moteur ne fonctionnait plus ce qui nous a obligé à mettre au point un système auxiliaire chaque fois que nous voulions charger nos batteries.
Ce bricolage était pénalisant pour notre performance car sa mise en place six fois par jour passait par le remplissage d’un ballast, ce qui n’est pas recommandé au portant. De plus, le temps consacré à maintenir le moteur sous perfusion nous détournait de la bonne marche du bateau. Enfin, pour éviter de trop solliciter les batteries nous avions décidé de ne plus utiliser le pilote automatique sauf durant certaines manœuvres.
Le 4eme jour nous avons pu récolter le fruit de notre option, nous étions 6eme en contact direct avec nos concurrents. Les trois premiers avaient réussi à creuser un petit avantage, mais bon… le potentiel de ces bateaux (EDF GDF et Mare) n’a rien à voir avec un Class 40 « standard ». Un peu comme si des motos s’alignaient sur le départ d’une course de mobylettes.
Et pendant ce temps, au guidon de notre mobylette sous perfusion nous commencions à tirer un peu la langue….Les sommeils étaient de plus en plus profonds et les réveils de plus en plus lourds.
Lorsque nous avons abordé l’archipel des Açores, tout le monde a été stoppé net par une nuit sans vent, pour le grand bonheur des retardataires qui ont pu recoller au peloton. Au petit matin le vent est revenu, ce fut un nouveau départ à 4O milles de l’arrivée. Echaudés par ce rebondissement, fatigués par de longues heures de barre, peu lucides, pressés d’en finir, nous avons décidé d’une stratégie un peu agressive ce qui nous a amené à sortir du peloton. Résultat, nous sommes restés scotchés 2 heures au passage d’une île. La course était jouée, 5 bateaux nous ont passé dans la dernière ligne droite. L’arrivée a été un peu douloureuse…
L’archipel des Açores est un endroit incroyable, coupé du monde, où viennent batifoler des milliers de baleines, de cachalots et de dauphins.
Nous aurons d’ailleurs l’occasion d’observer longuement la faune local car le vent sera aux abonnés absents durant les premières 48h.
Les batteries sont rechargées, les organismes reposés, nous sommes maintenant impatients d’y retourner l’objectif étant de naviguer « proprement » jusqu’aux Sables.
Christophe COATNOAN