Cette fois, c’est le grand large! Partouche au matin de ce -ième jour de course point ene 15ième position, à 80 milles du nouveau leader, IX Blue de Stéphane Lediraison. Partouche suit actuellement une route plutôt au sud de la flotte et se trouve au coude à coude avec plusieurs équipages : Jack in the Box d’Alois Claquin, Groupe Picoty (le sistership de Partouche) et Sevenstar Yacht Transport. La route est encore longue d’ici Saint Malo (plus de 1900 milles) et c’est comme si une nouvelle course débutait actuellement. Passionnant!
Dans la nuit de jeudi à vendredi, Partouche a doublé Saint Pierre et Miquelon et dépassé les Bancs de Terre-Neuve. L’équipage nous raconte ce moment magique!
En direct de Partouche – vendredi 27 Juillet : « La tentation de Saint Pierre »
Par 45°48 ‘N et 53°29’ O, sur les « grands bancs de Terre Neuve » – rien que d’écrire ça, ça vous pose un homme 😉
La journée d’hier avait bien mal commencée : de longues heures de molle dans une mer croisée de chez croisée, à vous empêcher le quart de repos de dormir son juste. Sur le pont, l’humidité, la vraie, avec un sale crachin et un ciel aussi bouché que bas. C’est sans doute comme ça que les pêcheurs partis pêcher ne retrouvaient pas leur bateau…
Nous, on est bardé d’électronique, de PC, d’AIS, de radar, autant d’instruments qui nous ont confirmé au fil de cette journée médiocre que notre option sud n’était pas la bonne… et qu’on n’était pas les seuls à avoir tricoté à l’envers. Finalement, en fin de journée, à l’approche de Saint-Pierre et Miquelon, le vent est rentré. Fort, même.
Et la journée fut sauvée par un extraordinaire passage entre les deux îles en compagnie de Picoty, Red et Bleu. Sous d’énormes nuages noirs et gris, l’archipel est soudain sorti de la brume, tandis que la mer blanchissait.
L’accélération fut si forte qu’on a du affaler le spi, entamant un somptueux bord de reaching au pied des falaises… Et c’est avec une lumière grise et orange de fin du monde qu’on s’est faufilé dans l’étroit passage entre Saint-Pierre et le Grand Colombier. Ouch ! Tout l’équipage était baba devant le spectacle…
En empannant à la nuit tombée vers le sud – à bord de Partouche, notre truc, c’est le sud, vous l’avez compris -, on a découvert les lumières de Saint-Pierre, sur notre tribord. Un court instant, on a été tenté de poursuivre notre périple gatsronomique. Parce que oui, on peut vous le dire, maintenant : à Gaspé, avant-hier, une faim de loup nous a attiré au McDo, seul truc ouvert à cette heure-là. Quelqu’un a demandé : « Vous croyez que le big Mac est le même ici ? » Et le skipper a dit : « C’est petit spi », on a continué notre route, option sud encore. Ce sera pour une prochaine fois. En attendant, on pense bien à nos petits camarades arrêtés là-bas, courage les gars !
NB : depuis ce matin, c’est le pied : 20 noeuds, grand spi et plein soleil !
46° 18.117 N / 55° 35′ W: « Après Saint Pierre et Miquelon, la mer » (recu vendredi matin)
Nous avons vu Saint Pierre et Miquelon ! La dernière fois, il y a 4 ans, l’archipel était resté secret à nos yeux. Le brouillard était si dense que nous avions découvert au dernier moment, quasiment dans notre bateau, les locaux dans leur zodiac. Cette année, pas de comité d’accueil… et pour cause. En passant entre les deux îles principales, les rafales et les vagues combinées nous ont amené à 18 noeuds de vitesse sous solent seul. Les falaises et les abords peu accueillants étaient dévoilés. Un oiseau, un genre de canari est venu se réfugier à bord. Il a trouvé asile sur les jambes de Christophe alors à la barre. L’animal était bien mal en point. Il mettait sa tête ébourffée entre ses plumes, comme pour ne pas voir cela. En passant au plus près de Saint Pierre, nous lui avons donné sa chance. La population de canaris ne se développera pas de ce côté là du globe…
Une odeur de guano chaud, portée par le vent à accompagné nos manoeuvres pour nous mettre au cap de Saint Malo.
Depuis, nous continuons de naviguer de concert avec 3 autres bateaux en course. La nuit est là et, après un début quelque peu téméraire sous spi lourd, nous sommes revenus à plus de prudence, sous solent. Nous repasserons probablement sous genaker dans peu de temps. Mais là, l’équipage a besoin de repos. Etienne est à la barre, vaillant et endurant gaillard ! La nuit est belle, le ciel est étoilé et la lune fait briller le sommet des vagues qui nous accompagnent sans grand rythme. La mer reste curieusement agitée.
Encore deux mille milles nautiques devant notre étrave. La paix a le temps de venir.
Quatre garçons dans la nuit »